Villa triste

Patrick Modiano

Folio

  • Conseillé par
    24 février 2020

    Modiano

    Après avoir terminé la trilogie des débuts (j’ai parcouru Les boulevards de ceinture en accéléré, tant j’avais l’impression de relire les deux premiers opus), s’ouvre à moi l’Univers Modiano.

    J’ai retrouvé ce qui fait le charme de l’écriture de Modiano : la Savoie, des personnages sans passé et au présent flou, des noms de rues.

    Mais aussi quelques éléments de la trilogie : la présence du père, ici comme un souvenir ; le nom et le passé du narrateur inventés ; la guerre d’Algérie à la porte et qui entre avec effraction pour repartir aussi vite.

    J’ai aimé le nom du docteur Meinthe, à la fois Menthe et Mint. J’ai aimé trouvé des touches de vert tout au long du texte.

    Quelques citations :

    Plus tard, je me marcherai à travers cette ville et elle me paraîtra aussi absente qu’aujourd’hui. Je me perdrai dans le dédale des rues, à la recherche de votre ombre. Jusqu’à me confondre avec elle.

    Il y a des êtres mystérieux – toujours les mêmes – qui se tiennent en sentinelles à chaque carrefour de votre vie.

    Ce qui nous rend la disparition d’un être plus sensible, ce sont les mots de passe qui existaient entre lui et nous et qui soudain deviennent inutiles et vides.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du chien de l’actrice Yvonne, qui promène lui aussi sa tristesse.

    https://alexmotamots.fr/villa-triste-patrick-modiano/


  • Conseillé par
    25 juillet 2013

    Villa triste

    C'était mon premier Modiano, son quatrième roman je crois. Au fil des années, j'ai lu ceux qui précédaient et les suivants, à la recherche de la sensation de la première lecture, qui m'a poursuivie longtemps.

    Un voyage en Grèce. J'avais dix sept ans. Une petite terrasse surplombant la mer, la montagne, les maisons blanches et le ciel turquoise. Nous étions trois comme les personnages de " Villa triste ".  Comme eux, nous flottions entre abandon et lenteur, Je revois une tête sur une épaule, une main dans une chevelure emmêlée. Il faut se concentrer sur les photos pour reconnaître les visages.

    Parce que nous lisions Modiano, nous savourions ces journées et aspirions à les fixer. Parce que nous lisions Modiano, nous les savions éphémères, comme notre jeunesse.

    L'histoire se déroule le temps d'un été, dans une ville de villégiature, au bord d'un lac en Haute Savoie. Le narrateur avait notre âge. Douze ans après, il revient sur les lieux, marche à reculons, à l'aveugle, et tente de faire resurgir ce qu'il a oublié. Elle s'appelait Yvonne, (c'est si facile d'oublier l'état civil des gens qui ont le plus comptés), elle lui avait souri et il avait décidé que ce jour était le plus beau de sa vie, elle était actrice, un peu plus âgée que lui, toujours accompagnée par son ami d'enfance. De chambres d'hôtels aux salons des villas, des longues avenues aux rues tortueuses, qui mentait à qui ? Yvonne avait un accent mais d'où ? Les identités sont troubles, les existences auréolées de mystère. Le narrateur déambule comme dans un rêve, évitant les gestes trop brusques et les questions précises, pour ne pas se réveiller. Les noms et les lieux égrenés, sont des repères rassurants même si fantomatiques. Comme les parfums, celui du jasmin, ou des images devenues floues qui redeviennent nettes un instant. Des cheveux auburn, une robe verte et une écharpe qui vole.

    Comme eux, nous n'aurions jamais dû nous séparer, une autre vie aurait pu commencer. Ces moments sont fixés et liés inexorablement aux pages de " Villa triste ": " Je me dis qu'elle vivait ce moment de la jeunesse où tout va bientôt basculer, où il va être un peu trop tard pour tout. Le bateau reste à quai, il suffit de traverser la passerelle, il reste quelques minutes… Une douce ankylose vous prend. "

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