Tous les noms qu'ils donnaient à Dieu
Nouvelles
De Anjali Sachdeva
Traduit par Hélène Fournier
Albin Michel
Laissez-vous conter .....
Recueil hétéroclite mythique et fantastique composé de 9 nouvelles aux ambiances différentes, aux époques différentes mêlant le mystère à la poésie.
Une femme albinos dans une grotte secrète, un homme aux poumons de verre à la recherche d’un trésor, la vengeance de deux lycéennes kidnappées au Nigéria, un écrivain aveugle et sa muse, le pouvoir des extra-terrestres ; 7 jumelles génétiques très émouvantes ; etc
C’est joliment écrit parfois troublant, parfois émouvant, toujours subtile dans le choix des personnages
La diversité des situations rajoute de l’intérêt à une lecture déjà plaisante.
Anjali Sacheva est une conteuse inventive captivante ;
Magique…
Silence, on tourne !
En clin d’œil aux 24 images secondes projetées sur les écrans de cinéma, R. Meltz fait défiler 24 chapitres retraçant une vie consacrée au cinéma.
Adrien, petit-fils de Gabriel décédé centenaire, est journaliste et écrit son premier roman dédié à son grand-père et sa passion du cinéma.
La rencontre de Gabriel avec la caméra est marquée par la disparition de sa sœur Hélène à l’âge de 11 ans. Devenu un opérateur méticuleux, il passera sa vie en mouvement telle l’image, filmant la vie et la mort à travers le monde, capturant presque un siècle d’histoire de son savoir-faire.
Très documenté sur l’art du cinéma, les technologies anciennes et récentes, jonché d’anecdotes sur l’actualité des prises de Gabriel, le récit est instructif mais aussi touchant de nostalgie. L’échappée belle d’Adrien vers l’écriture l’éloigne de la féérie du numérique
« La photographie, c’est la vérité, le cinéma c’est 24 fois la vérité par seconde »
La fille de mon père
Roman filial décrivant les derniers jours d’un père ; main dans la main, à travers des souvenirs d’enfance évoqués par sa fille qui s’est construite auprès d’un père soixante-huitard fantaisiste et autoritaire.
Retour sur les fantômes douloureux du passé, la séparation ; mais aussi la liberté ; l’émancipation de la femme ….
Un voyage dans le temps quand le temps est compté …..
Un hommage au père mais où la mère prend toute sa place.
Très personnel.
Loin du village
Joseph Kruger, contacté par un banquier afin de régler la succession de ses parents récemment décédés, retourne dans son village natal, sans sa famille et sans conviction, après 30 ans d’éloignement.
Sur place, il découvre d’une part qu’enfant il n’a pas su que son grand-père s’était suicidé et d’autre part un mystérieux legs en guise de succession.
Intrigué, il décide de prolonger son séjour pour en apprendre plus sur cette période …. Ses questionnements et ses investigations vont le rapprocher des événements du village pendant la seconde guerre mondiale.
Peu à peu, il va faire la lumière sur les non-dits et retracer le rôle des résistants, des communistes, jusqu’à comprendre l’implication de son grand-père.
Tel un roman policier, même si l’enquête est menée à titre privé, l’Histoire progresse grâce aux archives et révélations, croisant des personnages variés et intéressants ; rendant le lecteur intéressé par le dénouement.
Un sari pour un sourire
Portraits de femmes vivant à La Ruelle, quartier pauvre de l’Inde.
Veena se bat pour survivre dans une communauté de prostituées, mère de Chianti, 10 ans.
Sadhana est transsexuelle, mystifiée et pestiférée vivant recluse.
Chinti, secrète et observatrice, assiste invisible au langage des corps et de la chair. Elle est l’enfant protégée de ces femmes auxquelles elle apporte le rire et la lumière dans une existence qui n’invite pas à sourire mais juste à encaisser dans la misère et sans aucune légitimité
Chinti est emmenée par Shivnath, homme de dieu persuadé de sa supériorité, et passe de l’enfer de la rue au paradis du confort. Fou d’elle, il décide de faire de cette « petite fourmi » sa déesse et de la consacrer loin de la pauvreté.
Ananda Devi dresse un tableau méthodique et hyper réaliste de la vie en Inde et décortique les sentiments avec poésie.
Elle insuffle dans son récit la révolte et la colère face à l’impuissance de ces femmes, à l’hypocrisie et l’absurdité d’une société patriarcale qui rachète ses péchés commodément.
Elle nous guide vers une fin surprenante, pied de nez à la grandeur masculine.