Atlas ou le gai savoir inquiet, L'œil de l'histoire, 3
EAN13
9782707324009
Éditeur
Les Éditions de Minuit
Date de publication
Collection
Paradoxe
Langue
français
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Atlas ou le gai savoir inquiet

L'œil de l'histoire, 3

Les Éditions de Minuit

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À quiconque s’interroge sur le rôle des images dans notre connaissance de
l’histoire, l’atlas Mnémosyne apparaît comme une œuvre-phare, un véritable
moment de rupture épistémologique. Composé – mais constamment démonté, remonté
– par Aby Warburg entre 1924 et 1929, il ouvre un nouveau chapitre dans ce
qu’on pourrait nommer, à la manière de Michel Foucault, une archéologie du
savoir visuel. C’est une enquête « archéologique », en effet, qu’il aura fallu
mener pour comprendre la richesse inépuisable de cet atlas d’images qui nous
fait voyager de Babylone au XXe siècle, de l’Orient à l’Occident, des astra
les plus lointains (constellations d’idées) aux monstra les plus proches
(pulsions viscérales), des beautés de l’art aux horreurs de l’histoire. Ce
livre raconte, par un montage de « gros plans » plutôt que par un récit
continu, les métamorphoses d’Atlas – ce titan condamné par les dieux de
l’Olympe à ployer indéfiniment sous le poids du monde – en atlas, cette forme
visuelle et synoptique de connaissance dont nous comprenons mieux,
aujourd’hui, depuis Gerhard Richter ou Jean-Luc Godard, l’irremplaçable
fécondité. On a donc tenté de restituer la pensée visuelle propre à Mnémosyne
: entre sa première planche, consacrée à l’antique divination dans les
viscères, et sa dernière, hantée par la montée du fascisme et de
l’antisémitisme dans l’Europe de 1929. Entre les deux, nous aurons croisé les
Disparates selon Goya et les « affinités électives » selon Goethe, le « gai
savoir » selon Nietzsche et l’inquiétude chantée dans les Lieder de Schubert,
l’image selon Walter Benjamin et les images d’August Sander, la « crise des
sciences européennes » selon Husserl et le « regard embrassant » selon
Wittgenstein. Sans compter les paradoxes de l’érudition et de l’imagination
chers à Jorge Luis Borges. Œuvre considérable de voir et de savoir, le projet
de Mnémosyne trouve également sa source dans une réponse d’Aby Warburg aux
destructions de la Grande Guerre. Non content de recueillir les Disparates du
monde visible, il s’apparente donc à un recueil de Désastres où nous trouvons,
aujourd’hui encore, matière à repenser – à remonter, poétiquement et
politiquement – la folie de notre histoire.
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