Silence et tumulte
EAN13
9782221133514
Éditeur
Robert Laffont
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
arabe
Fiches UNIMARC
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Silence et tumulte

Robert Laffont

Indisponible
" –; Je vous en supplie, trouvez-moi un nom approprié à ce que nous sommes en
train de vivre.
–; Un nom approprié ? C'est tout ce que vous attendez de moi ? Surréaliste.
C'est ça, le mot qui convient. "



Une journée dans la vie de Fathi Chin, écrivain célèbre interdit de
publication par le Guide suprême de son pays (un pays arabe qui pourrait
être... la Syrie). Une journée à l'absurdité kafkaïenne, où s'exerce la
tyrannie très ordinaire d'un régime dictatorial. Ce jour-là, le pays tout
entier célèbre par un interminable défilé les vingt ans de pouvoir de son
despote. Il fait une chaleur accablante, téléviseurs et haut-parleurs hurlent
à plein volume et une énorme masse de citoyens engloutit la ville. Chassé de
son lit par le tintamarre, Fathi sort de chez lui pour rendre visite à sa
mère. Mais à peine a-t-il franchi le seuil de son appartement qu'il est déjà
dans les ennuis : dérogeant à tous ses principes, il porte assistance à un
jeune homme tabassé à mort par des miliciens. Sa carte d'identité lui est
retirée et il est sommé de se rendre à au commissariat pour la récupérer. En
attendant, c'est à ses risques et périls qu'il circule sans papiers dans les
rues. Des rues où la foule exaltée par les slogans, abasourdie par le bruit et
rendue folle par la chaleur ne se contrôle plus. Qu'importe cependant s'il y a
des centaines de victimes, comme cette inconnue que Fathi transporte sur son
dos jusqu'à l'hôpital, où viennent s'échouer les vivants et les morts. C'est
pour la gloire du maître qu'ils ont donné leur vie, pour le leader qu'ils
souffrent. Un leader qui, enfermé dans son palais, passera en boucle, sur les
murs de chacune des pièces, les images de cette célébration mortelle. Et si
Fathi croyait pouvoir échapper à ce délire organisé en se réfugiant chez sa
mère, il se trompait. Car dans sa volonté de gagner à sa cause cet écrivain
dissident, le Guide suprême a décidé de s'immiscer jusque dans sa famille : sa
mère apprend à Fathi qu'elle va épouser M. Haïd, l'un des membres les plus
éminents du gouvernement. Il ne reste donc à Fathi qu'un seul havre où se
mettre hors d'atteinte du pouvoir : l'appartement de Lama, sa maîtresse, où
leurs deux corps complices s'enlaceront sur le seul territoire qu'il leur
reste : l'amour. L'union des corps comme acte de dissidence et ultime liberté.
Mais déjà 18 heures sonnent, il est temps de gagner le commissariat.
Réconcilié avec la vie grâce à Lama, Fathi rejoint l'hôtel de police. Là, il
est renvoyé de service en service, oublié dans une antichambre, jeté dans une
cellule d'isolement, ramené à la surface, et de nouveau bringuebalé d'un
fonctionnaire à l'autre. Il ne lui reste qu'une arme à opposer à la
bureaucratie de ce régime absurde : l'ironie. Comment résister autrement au
bruit infernal qui vous dévore l'âme ? Qu'opposer aux menaces contre sa mère ?
À la promesse d'être autorisé à publier s'il rentre dans le rang ? Jouant les
trouble-fête dans cette farce grinçante qu'est l'existence sous une dictature,
Fathi finit par ne plus savoir quand la réalité cède la place au rêve éveillé,
puis au cauchemar.
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