Malraux, histoire d’un regard
EAN13
9782072899140
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
Blanche
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Malraux, histoire d’un regard

Gallimard

Blanche

Indisponible

Autre version disponible

« Ce volume réunit l’ensemble des sept préfaces que j’ai données à des œuvres
de Malraux dans la Collection blanche et la Bibliothèque de la Pléiade :
écrits farfelus, lettres choisies, carnets de voyage en URSS et du Front
populaire, écrits sur l’art, essais critiques. Il couvre donc l’ensemble de la
pensée de Malraux essayiste, dont il dégage les grands thèmes et souligne
l’actualité. Si je me rappelle mes premières impressions à la lecture de
Malraux, quelqu’un apparaissait, qui nous disait que l’histoire pouvait se
raconter à rebours, à partir de l’art moderne (qui nous était cher, la
jeunesse s’est toujours voulue moderne) vers le passé, tous les passés.
Raconter n’était pas le mot, cette nouvelle histoire était faite
d’apparitions, comme celle de Mme Arnoux dans L’Éducation sentimentale.
C’était aussi une nouvelle géographie : surgissaient l’Afrique, l’Asie aux
mille ateliers, l’Amérique de l’art précolombien, les îles d’Océanie. Mais
tout excepté le médiocre, qui n’explique rien, sauf la prose du monde.
L’histoire volait en éclats sous le choc des éclairs. Nos manuels, en effet,
n’étaient pas écrits, ne relevaient pas de la littérature. Malraux, lui,
donnait un équivalent stylistique des œuvres dont il parlait, il traitait avec
elles d’égal à égales et les reconstituait en une phrase, une image, un élan
lyrique. C’était le sismographe que nous aimions aussi chez André Breton. Nous
n’avions, d’autre part, jamais vu ces confrontations de photographies, de
reproductions d’œuvres d’art, ces courts circuits qui font jaillir une
étincelle (dont nous étions voleurs, suivant le conseil de Rimbaud, notre
contemporain).Les archives du comité Nobel ont montré que Malraux n’avait pas
eu ce prix parce qu’il n’écrivait plus de romans. Étrange hiérarchie des
genres, qui exclut l’essai du champ littéraire ! Au pays de Montaigne, de
Pascal, de Montesquieu, de Valéry, on tiendra au contraire qu’il n’est pas
moins littéraire que la fiction. La même imagination créatrice qui s’est
illustrée dans La Condition humaine est présente dans Les Voix du silence, et
dans la critique littéraire, dont L’homme précaire et la littérature
représente l’aboutissement. L’Homme précaire retrouve le sens de la
littérature. Les Voix du silence peuvent apparaître comme une recherche des
temps et des arts perdus : styles négligés, artistes oubliés, continents
engloutis. Elles retrouvent le temps de l’art. Restait à montrer par quels
moyens. » (J.-Y. T.)
S'identifier pour envoyer des commentaires.