Conseils de lecture

14,50
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

C'est de seulement 90 pages dont François Bégaudeau avait besoin pour nous raconter l'amour avec un petit « a ». Le sujet était ambitieux et il faut reconnaitre que l'absence de fioritures était une très belle idée. Une écriture resserrée pour une vie qui défile tout aussi vite. D'une rencontre au sein d'une classe ouvrière jusqu'à un fils devenu ingénieur en Corée.
La vie ordinaire de Jeanne et Jacques Moreau nous émeut. Pas de passion, mais un mélange de tendresse et d'habitudes qui rassurent. Du côté du lecteur rien ne manque et le tableau fonctionne. Il devient même familier. Cinquante années de vie commune très prosaïque depuis le début des années 1970 et cet apaisement face à notre époque faite de surenchères et de vies exposées. François Bégaudeau déroule un fil linéaire: une rencontre, un mariage, un fils, des évènements anodins, des disputes et des compromis, même la passion de Jeanne pour Richard Cocciante ne provoque aucune effervescence. Mais ce texte désarmant de simplicité et de sincérité est celui d'un compagnonnage avec un grand "C".


19,50
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Dominique Barbéris est née en 1958 au Cameroun, mais elle aime les atmosphères de province.
Dans ce nouveau roman, la narratrice cherche à partir d’une photo aux bords crantés à reconstituer la vie de sa tante. Madeleine. Entre Nantes et le Cameroun, entre mandat français et indépendance, entre un mariage et une liberté trouvée ailleurs qui fut cette femme, restée d’une élégance datée ?
La lecture est magnifique de lenteur, d’ombres étirées, de mélancolie de fin d’été. Il y a un toujours une parenté avec Modiano. Également avec Gracq ici, mais Dominique Barbéris nous surprend à nouveau et dérive jusqu’ « aux colonies ».
Avec son écriture de dentellière, elle questionne le temps, celui figé sur une photo qui nous pousse à la nostalgie de ce qui n’a pas été vécu.


Sabine Wespieser Éditeur

23,00
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Notre chouchou est de retour : avec Robert Seethaler, jamais de déception de la première à la dernière ligne. « Une vie entière »fut et reste un des plus beaux livres de notre fonds étranger. Il revient ici à Vienne, sa ville natale, où il avait déjà situé l'action de son premier roman traduit en français « Tabac Tresniek » également paru aux éditions Sabine Wespieser. Personnage simple et modeste, Robert Simon est locataire d'une chambre chez une vieille veuve, avec laquelle il entretient une relation presque amicale. Nous sommes en 1966, et il va décider de racheter un bistrot qui malgré quelques travaux de rénovation restera sans nom. Habitués, travailleurs du quartier, la clientèle est fidèle et les succès est au rendez-vous…
Tout nous enchante au fil des saisons et des années dans ce quartier populaire auquel Robert Seethaler rend hommage avec le regard tendre et aiguisé d'un garçon du cru.


23,00
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Stefano Massini aime l'Histoire. Il l'a déjà prouvé en rapportant brillamment la destinée des frères Lehman ou en restituant les débuts du football féminin en Angleterre dans "Le ladies football club" parus tous deux aux éditions Globe. Avec « Manhattan Project », livre ambitieux qui tâche d'éclaircir la genèse du projet Manhattan visant à élaborer la première bombe nucléaire et son aboutissement qui va marquer l'Histoire à tout jamais, il confirme sa place d'auteur de talent dans un genre qui se rapproche de la « narrative non-fiction ».
Leó Szilárd, Eugene Wigner, Edward Teller. Ils étaient trois. Hommes. Hongrois. Juifs. Ils ont réussi à convaincre Albert Einstein d'alerter Franklin Roosevelt sur la possibilité que l'Allemagne nazie se serve de bombes alimentées en énergie libérée par la fission nucléaire. C'est un morceau de leur histoire, de leur génie, de leurs doutes, de leurs peurs que l'auteur raconte dans ce roman. Durant les quatre parties aux résonances bibliques qui composent ce livre, on croisera tour à tour Paul Erdős, Vannevar Bush ou encore Robert Oppenheimer. On retrouvera l'écriture pleine d'humour et de facéties littéraires propres à Stefano Massini. On plongera dans une période trouble, où l'horreur de l'abomination nazie en Europe résonnera avec la tension et les aspirations de paix de physiciens déterminés.


19,50
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2023

JULIE

Après le très remarqué « Querelle de Roberval » traitant avec beaucoup de verve la vengeance sociale dans une scierie du grand nord canadien, l’écrivain montréalais Kevin Lambert ose le plongeon dans le milieu des ultra riches. Le roman s’ouvre sur une fête, triste (un peu longue), à laquelle participe Céline Wachowski, l’architecte star du moment. Elle a 67 ans et une vie qualifiée de "réussie". Mais son dernier projet pour le siège social d'une multinationale – un immense complexe dans un quartier périphérique de Montréal – déplaît ; elle est accusée de favoriser la gentrification. Manifestations, polémiques, hashtags incendiaires sur les réseaux auront raison de son piédestal doré. Elle est congédiée de sa propre entreprise. Ironie superbe.
Dans « Que notre joie demeure », Kevin Lambert tente de rentrer dans les têtes pensantes qui gouvernent le monde ; le discours indirect libre l’y aide formidablement. Il se met dans leur peau pour tenter de comprendre cette élite préservée ; en témoigne l’épigraphe empruntée à John A. Macdonald « Nous devons protéger les intérêts des minorités, et les riches sont toujours moins nombreux que les pauvres. » Et c’est vraiment réussi. Kevin Lambert dresse le portrait amer d’un monde rompu aux intérêts des puissants, qui n’ont que peu de scrupules à écraser leur prochain. À la faveur de Proust, pourtant, Céline va découvrir le sens du mot culpabilité.
La langue est superbe, émaillée de quelques termes québécois.