À samedi !

«Les histoires d’amour finissent mal, en général», chantaient les Rita Mitsouko. Damien, quinze ans, sort pour la première fois avec une fille: Mélodie, quatorze ans. Si lui en est passionnément épris, le lecteur pressent d’emblée que les sentiments de la jeune fille n’ont pas la même intensité. Voilà qui pour Damien et leur rendez-vous de samedi n’augure rien de bon… « À samedi!» pour Malo également. Le cancre s’est mis à la lecture, dans l’espoir de plaire à la brillante Bettina, férue de littérature. S’il ignore encore comment lui déclarer sa flamme, il sait qu’il lui faudra être à la hauteur. Aucune chance? Qui sait? Pas question en tout cas de vivre dans le regret d’avoir peut-être laissé passer l’amour de sa vie. Ne pas faire comme la mère de Mélodie, donc, qui depuis des années ressasse son amour de jeunesse pour le beau Lionel Regensky, aujourd’hui auteur à succès et que jamais, par timidité, elle n’avait osé aborder durant leur scolarité. Samedi, c’est également le jour où Lionel viendra dédicacer son dernier roman dans une librairie de la ville. Oh! bien sûr, Myriam n’attend rien d’autre de cette occasion que la chance de le revoir quelques instants. Mais le sort est cruel… Un album pour adolescents? Quelle mouche a donc piqué Rue du Monde? C’est la question qu’on pourrait se poser en découvrant ce roman graphique inaugurant la collection Roman-BD. Pari téméraire? Bonne chance en tout cas à l’éditeur, qui nous propose là un texte fort, bien servi par les illustrations de Zaü. Dommage que la composition du texte souffre de quelques défauts, dont on espère que seront exempts les volumes à venir.

Librairie Voyelles aux Sables d'Olonne

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Il y a Damien et Mélodie et Jérémy, Malo et Bettina, et Myriam aussi, la mère de Mélodie, hantée par son passé.

Tout ce petit monde, adolescents et adultes aussi, se cherche et est en quête de l’Amour. Comment in-fine les couples se formeront ou se déferont-ils samedi ? Quels seront les tours et détours que les jeux de l’amour réservent à chacun? Il faut lire le texte d’Hubert Ben Kemoun pour le savoir.

L’auteur suit ses personnages sur quatre jours, au rythme de leurs espoirs et déceptions respectives. En lisant A samedi! on ne peut s’empêcher de penser à Marivaux et à Musset. Bien que le texte ne soit pas sous forme d’une pièce de théâtre, il abonde cependant en dialogues.

Les héros de Hubert Ben Kemoun, ancrés dans leur siècle, approchent la question de l’Amour avec la même gravité que Camille et Perdican l’avaient fait en leur temps. Leurs questionnements et blessures des premiers émois amoureux ne sont au final pas si éloignés que ceux de Dorante et Silvia.

L’auteur, qui pose un regard un tant soit peu désabusé mais néanmoins tendre sur le devenir de ses personnages, a la franchise de nous l’annoncer en citant Socrate en préambule au récit: «La chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où on est tombé.».

Et le livre se lit d’une traite. Servi par une forme osée et atypique, ce grand album de 70 pages généreusement illustré par Zaü, qui nous offre ici toute la sensualité de son art, est un beau roman grand format mis en images, dont la maquette peut rappeler certains romans-photos.

Le titre inaugure une collection pour le moins novatrice à la Rue du Monde nommée Roman-BD. J’attends avec patience le second titre de cette collection prometteuse. Vivement samedi !

Anne Helman, librairie Chat Perché au Puy en Velay

A samedi, un livre original entre la BD, l'album et le roman. Des instantanés de la vie, surtout amoureuse, de Damien et Mélodie, Malo et Bettina, Myriam, et Jérémy. Des personnages dans lesquels tout collégien peut se reconnaitre.
Sidonie, 15 ans