Papillon de Dinard

Eugenio Montale

Fata Morgana

  • Conseillé par
    10 juin 2010

    Textes épars !

    Je reconnais bien volontiers que le titre de cette œuvre m'a fortement intrigué. Surtout que j'ai un très bon souvenir de cette ville où j'ai failli m'installer il y a très longtemps. Je ne connais pas cet auteur italien, prix Nobel de littérature en 1975, mais c'est une excellente occasion de découvrir son œuvre.
    Dans son avant-propos, l'auteur nous dit ce qui suit :
    « D'autre part, j’étais dépourvu de l'imagination du narrateur-né, et je ne pouvais compter que sur des souvenirs personnels, sur des expérience vécues ». La littérature et la musique sont les deux activités artistiques qui dominent ces écrits. Un florilège (une cinquantaine) de courts textes, sautant du coq à l'âne, suite de souvenirs égrenés tout au long de cet ouvrage. Un livre très intimiste pour ne pas dire intime.

    J'ai beaucoup aimé entre autres « La maison des deux palmiers » où l'auteur revient après des années d'absence dans le quartier de sa jeunesse, que reste-t-il de cette époque? Un texte plein de nostalgie et de souvenirs. Les villes italiennes, en particulier Florence et Rome, sont également évoquées sur des périodes allant de la guerre de mille neuf cent trente neuf à mille neuf cent quarante quatre, jusqu'à la mort de l'auteur. On fait parfois un détour par Londres ou Paris.
    « Dans une Buca florentine », on y parle, on y parle, et de quoi parlent ces messieurs, de femmes bien entendu, enfin d'une femme avec plusieurs identités, car Madame a eu plusieurs époux...
    « Slow » est une nouvelle qui prend son temps, ce sont les histoires qu'une oreille indiscrète entend dans le club du même nom. C'est le temps qui passe lentement mais sûrement, un courrier en retard, une femme qui fait attendre son fiancé avant de l'épouser, un service à thé qui se fait désirer. S’inscrire dans ce club, c'est possible bien sûr, mais votre candidature doit être examinée, et cela prend du temps....
    Sauve qui peut, « Une chauve souris » dans une chambre d'hôtel, quelques effrois pour Madame, quelques souvenirs pour Monsieur....
    Le récit de« Dîner de la Saint-Sylvestre » est à déguster sans modération, avec appétit et jubilation!
    Le texte qui donne son titre à l'ouvrage est, une fois n'est pas coutume, celui qui clôt ce livre. Un poète italien est-il à ce point envouté par Dinard pour voir un papillon, toujours le même dans un café de cette ville?
    Les personnages sont très nombreux au fil des pages. Le père pour commencer dans « Récit d'un inconnu » où l'auteur nous parle des relations un peu tendues qu'il entretenait avec son géniteur au travers de la lecture de « L'ami des familles », hebdomadaire auquel ils étaient abonnés.
    Monsieur Stapps, mi-aventurier, mi-dandy, né d'après lui en Bohême, Dominico, pique- assiette de génie, s'invitant à toutes les inaugurations artistiques de la ville de Florence, Clizia qui rêve qu'elle est une araignée dans la cour de la maison de Pythagore, ou Giampaolo qui se marie avec une femme doublement veuve, mais la vie a été parfois difficile pour lui ; le titre du texte « La tempétueuse ». Des gens très ordinaires croqués par l'auteur dans des situations parfois loufoques ou rêvées, le quotidien magnifié ou un peu arrangé.....Un Prince Russe chauffeur de taxi à Paris, ce fut vrai il y a longtemps, et le client cherche un restaurant « Au pied de porc »! Cochon qui s'en dédit....Et pour l'entrée vous prendrez bien des escargots...On croise beaucoup d'animaux variés, rat, chauve souris, mésange, etc.
    Ce qui fait dire à un personnage :
    - »Notre vie est un bestiaire, c'est même une ménagerie ».
    La mort aussi passe....et la poésie existe t-elle?
    Une remarque : j'ai beaucoup aimé l'écriture , c'est simple, mais vivant, on suit l'auteur avec ses amis ou les lieux qu'il décrit. A lire, comme dans « Slow », tranquillement à petite dose pour mieux apprécier un humour souvent glaçant dans un monde à l'ancienne pleins de marginaux plus désopilants que dangereux, mais les petits travers de tout à chacun sont observés à la loupe. Et l'auteur ne les loupe pas en décrivant les faits et gestes de tout son beau monde.