Big brother

Lionel Shriver

Belfond

  • Conseillé par
    25 septembre 2014

    Le poids des maux

    Lionel Shriver est une romancière américaine qui a l’art d’aborder les sujets qui fâchent sans détour, voire même avec une certaine forme de radicalité. Le politically incorrect  est pour elle une véritable marque de fabrique. On se souvient du choc de lecture provoqué par son roman, « Il faut qu’on parle de Kevin », lauréat de l’Orange Prize 2005 . Elle y dénonçait les défaillances du système d’éducation américain à travers le personnage d’un enfant psychopathe, tueur de masse et sa relation conflictuelle avec sa mère.

    Elle revient aujourd'hui avec un roman sur toutes les obsessions que nos sociétés développent autour du rapport à la nourriture, que ce soit à travers ses excès ou ses restrictions.

    Pour avoir perdu son frère Greg des suites d’une obésité morbide, l’auteur connaît plus que bien son sujet. Et quand la question qui se trouve au cœur de son livre est de savoir si pour sauver un proche de la spirale du surpoids on doit prendre le risque d’un éclatement de la cellule familiale, on se dit que ce texte exprime

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    24 septembre 2014

    Pas de demi-mesure chez Lionel Shriver…

    L’auteure aborde une nouvelle fois un sujet difficile et brûlant d’actualité : l’obésité et le rapport à la nourriture.
    Pandora, la quarantaine entamée, n’a pas vu son grand frère -un musicien de jazz accompli- depuis quatre ans et c’est le choc lorsqu’elle le retrouve à l’aéroport : il a grossi de pas moins de 100 kilos. L’homme qui faisait craquer toutes ses copines adolescentes et pour lequel elle vouait une admiration sans bornes a le visage bouffi et le pas lent. On se retourne et on chuchote sur son passage. Elle surprend même une conversation entre deux voyageurs qui trouvent inadmissible qu’il n’ait pas payé deux sièges. Elle va apprendre qu’Edison, en plus de son poids, est ruiné, qu’il ne joue plus dans les lieux branchés des jazzmens et se voit contrainte de l’héberger pour qu’il puisse se relancer.
    Son mari complique encore plus la situation : Fletcher est un aficionados de la vie saine. L’antonyme d’Edison.

    Riz complet, blanc de poulet et des kilomètres de vélo. Au bout de deux mois il lance un ultimatum : Edison retourne d’où il vient ou c’est la séparation.
    La suite m’a fait pousser des ho et des ha d’indignation. La méthode de Pandora pour aider son frère à maigrir m’a tout bonnement paru invraisemblable – et hyper dangereuse. Elle qui semble pourtant intelligente et rationnelle se lance dans une aventure plus bête qu’audacieuse. Et c’est seulement dans les vingt dernières pages que tout prend sens.
    Dire si j’ai aimé ou pas Big Brother est un exercice compliqué. J’ai pris plaisir à suivre la vie de cette famille, j’ai aimé ses personnages complexes, jamais lisses, donc tout à fait crédibles, le rapport aux liens du sang, à l’engagement marital, à la fratrie, mais la forme qui fait que l’on comprend les enjeux à la toute fin et que finalement la majorité du roman ressemble à une fable ne m’a pas séduite. En revanche la réflexion sur le rapport à la nourriture et à la silhouette dans nos sociétés occidentales est pour le coup une réussite. Et ce même si la conclusion reste sombre, dérangeante, et laisse un goût acide qu’on aimerait faire passer avec une douceur sucrée et un peu plus d’optimisme…
    On apprend dans une interview que Lionel Shriver a perdu son frère des conséquences d’obésité morbide en 2009. A la lumière de cette révélation son roman se pare d’un petit goût d’autobiographie thérapeutique et on comprend la vision ultra sombre de sa réflexion que je ne partage pas tout à fait. Lionel Shriver ne fait pas dans le demi-mesure, c’est certain. Et c’est peut être ce qui gâche un peu son propos.