Kenavo

Serge Joncour

J'ai Lu

  • Conseillé par
    13 février 2015

    Un Combi narre la supercherie familiale !

    Un court roman jubilatoire comme je les aime ! Et vogue non pas la galère, mais le bateau de cette famille qui a décidé d’escamoter ses origines pour les remplacer par une fable aussi délirante que peu vraisemblable. Mais comme dit la croyance populaire « Plus c’est gros plus cela passe ».
    La famille n’emportant pas sa patrie dans ses filets de pêche s’est construit une légende familiale, passant de vrais descendants de breton pur beurre demi-sel à celle de faux rejetons d’italiens échoués dans ce port méditerranéen par la grâce d’une baleine ! Le fait d’être breton quand on tient un commerce de poissons n’est en rien un calvaire. Mais c’est comme cela !
    Un des fils livre une partie de la pêche du jour au grand hôtel « Le Miramar » où tout le monde l’apprécie malgré l’odeur persistante qui, comme toute odeur de ce type, précède et suit la personne qui la subit comme un fardeau.

    Mais notre narrateur fait un jour la connaissance d’un prix Nobel de littérature venu dans ce palace rechercher l’inspiration qui, reconnaissons-le, semble le fuir. Et ce brave homme est accompagné de son épouse, femme simple qui se lie d’amitié avec notre jeune Combi, né bien après elle.
    Dans l’esprit de notre jeune héros vient une idée qui peut (et qui est d’ailleurs) paraître loufoque : faire rédiger une brochure d’une vingtaine de pages à l’écrivain au passé glorieux, mais aux idées envolées, pour ne pas dire plus !
    Et cet homme de plume va accepter l’idée, mais va se laisser entraîner au fil de l’eau et de sa plume.
    Des personnages qui semblent bien loin les uns des autres, d’un côté une famille de marins-pêcheurs poissonniers légèrement mythomane, de l’autre ce prix Nobel de littérature qui cogite dans cette résidence de luxe.
    Et pourtant il y a un point commun, devinez lequel : la Bretagne ! Qui est omniprésente dans toutes ces pages.
    Beaucoup d’humour et de dérision dans cette histoire, plein de trouvailles qui en disent long sur l’espèce de dilemme familial, comme par exemple les prénoms des enfants doux mélange de celtitude et consonance latine : Erwanito, Gwënaella, Kevin (qui plus breton que les autres est seul maître à bord du bateau de pêche familial) et Marina.
    Autre rite familial et décalé, le vendredi est le seul jour où l’on mange de la viande. J’ai adoré ce livre pour plusieurs raisons, dont celle qui saute aux yeux, le titre ! Ensuite il est souvent question de Paimpol, je me suis donc interrogé sur le fait de ne plus assumer ses origines pour s’en fabriquer une autre de toutes pièces. Désolé, je n’ai pas trouvé de réponse cohérente, enfin pour mon cas personnel à cette interrogation.
    Je vais emprunter une réflexion à mon ami Alain Emery mais je lui rendrai :
    « Je suis de Paimpol, c’est dans ma viande », le reste n’est que littérature.
    En un mot comme en mille, je vous conseille ce titre pour sa gaîté et aussi ses questionnements. Qui sommes-nous ?